«Infrastructures plus vertes» ou écoblanchiment de l’eau?

Une entrevue réalisée avec Alain Saladzius, président de la Fondation Rivière

Suite à la parution d’un article dans le journal local de Beloeil, nous souhaitions trouver certaines réponses pour nos Riverains et Amis de la rivière Richelieu. Voici l’article tiré de notre entrevue du 2 Octobre 2020.

L’Association des Riverains du Richelieu a d’abord reçu avec une certaine satisfaction l’annonce d’investissements massifs de 21 millions pour « la construction, la réfection, l’agrandissement ou l’ajout d’infrastructures municipales d’eau potable et d’eaux usées dans la Vallée-du-Richelieu. » (Journal le Contrecourant du 17 septembre 2020)

Mais à l’analyse du budget, des questions se posent. Quand le député de Borduas et Ministre responsable de la Montérégie, M. Simon Jolin-Barrette, « se réjouit de ces subventions, (…) qui rendent, selon lui, nos infrastructures plus vertes », parle-t-il d’un coup de peinture verte sur des conduites d’eau obsolètes ou d’un réel changement vers une façon plus responsable de gérer le traitement des eaux usées et limiter les multiples surverses dans la rivière Richelieu?

C’est la question que nous avons posé le 2 octobre dernier à un spécialiste de la question, M. Alain Saladzius, ingénieur et cofondateur de la Fondation Rivières. M. Saladzius jette un regard plutôt froid sur lesdites « infrastructures plus vertes ».  Il déplore surtout le fait que cette somme ne servira, à 90%, qu’à faire la simple réfection de réseaux vieillissants où l’eau se perd dans le sol, s’expliquant mal, entre autres, que le traitement de l’eau potable de Saint-Denis-sur-Richelieu gobe la plus grosse partie du budget alors que ces installations sont pratiquement neuves. Il aurait donc souhaité voir le gouvernement investir davantage dans la qualité globale de l’eau. « On creuse des trous et on remplace des tuyaux. Juste ça? »

Mais qu’en est-il de la qualité de l’eau et des 9 usines de filtration qui puisent dans le Richelieu et fournissent les 41 municipalités riveraines ?
M. Saladzius reproche par exemple aux édiles locaux de ne pas intervenir plus activement pour faire respecter leurs règlements concernant les gouttières de toits et les autres phénomènes de ruissellement privés qui engorgent les réseaux sanitaires et constituent la cause principale des débordements. Et ce, aussi bien au printemps qu’en plein été lors des pluies battantes.

M. Saladzius travaille activement depuis une trentaine d’années à mettre en place des solutions aux problèmes d’assainissement des eaux. Sous sa gouverne, Fondation Rivières a mis en ligne dernièrement une carte interactive permettant de connaître le nombre de surverses de chacune des municipalités au Québec, les quantités rejetées et les heures des déversements. Cette application permet de comprendre la durée des déversements et leur intensité, et pourquoi la qualité de notre eau ne s’améliore pas plus, alors que nous dépensons des sommes astronomiques dans les usines d’épuration.

À son avis, c’est en amont qu’il faut chercher les causes de la dégradation de l’eau. Les gouvernements devraient absolument tenir compte de ces données sur les surverses quand ils décident d’investir plus de 1,5 G$ de fonds publics pour « assainir l’eau » par le programme FIMEAU (Fonds pour l’Infrastructure Municipale d’Eau).

En conclusion, on investit 21 Millions dans les INFRASTRUCTURES POUR l’eau dans la région. Mais en réalité une infime partie de cette somme va réellement POUR l’eau. Combien de surverses par année seront éliminées grâce à ces travaux? Combien d’eau potable sera économisée? Peut-on parler ici d’une gestion sérieuse de l’eau sérieuse de l’eau afin d’améliorer sa qualité?

Est-ce qu’on essaie de maquiller une sorte d’écoblanchiment de l’eau (lire changer la tuyauterie) en une gestion verte et responsable de l’eau ? (lire changer ce qui s’en va à la rivière)

Raynald Collard et Martin Dubreuil
pour l’Association des Riverains du Richelieu
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