L’énergie nucléaire : avantages pour une province, inconvénients pour les autres
On s’en souvient, depuis les années 1940, l’énergie nucléaire au Canada a bénéficié d’investissements massifs du gouvernement fédéral, donc de la participation de toutes les provinces y compris celle du Québec. Or nous savons tous que c’est l’Ontario qui a profité le plus – et de très loin – des créations d’emplois et de la recherche scientifique de haut niveau liées à ce secteur qui ont fait sa fortune et les salaires si élevés qui font tant rêver François Legault actuellement.
Mais ce qu’on a tendance à oublier, comme c’est le cas pour tous les pays qui ont fait le choix nucléaire pour s’alimenter en électricité et développer leur économie, cette province est aux prises avec le même problème? Un gros, un énorme problème. Celui de se débarrasser des déchets liés à cette forme d’énergie.
D’abord il faudra décontaminer le centre de recherche, un site très discret, à l’abri des regards fouineurs. Ce sont des terrains contaminés par des décennies de négligence. Ensuite, tant qu’à investir des centaines de millions fédéraux, il servira à entreposer les déchets de toutes les autres provinces « nucléarisées »! Mais, vu de l’espace, une sorte de centre d’achat. Le problème percolant seulement dans les craques du paysage.
Laboratoires nucléaires de Chalk River 286 Plant Rd, Chalk River, ON K0J 1J0
Moins spectaculaire, mais probablement bien pire que les « paysages » lunaires des sables bitumineux de Fort McMurray en Alberta.
Nous joignons donc nos voix aux groupes opposés à ce projet pour désapprouver formellement le choix de ce site hors terre sis à quelques centaines de mètres de la rivière Outaouais. On pourrait dire que quelque chose de politiquement malsain se dégage d’un tel choix. Mais pinçons-nous le nez et tournons-nous un peu vers la rivière, une source d’eau potable utilisée par des millions de personnes : Ottawa, Gatineau, Montréal, Longueuil, Brossard, Boucherville, et même Québec.
Pétrole albertain ou réacteurs nucléaires, anciens choix, mauvais choix
Rappelons-le, l’option de l’énergie nucléaire n’est pas québécoise. Il a failli l’être en partie dans les années 70 avant les grands projets hydroélectriques de la Baie-James. CE N’EST PLUS LE CAS. Et il est plutôt ironique qu’en 2021 l’Ontario, après avoir profité pendant plus d’un demi-siècle de l’appui financier du Québec par gouvernement canadien interposé pour développer son modèle de réacteur canadien, refuse d’acheter nos surplus d’électricité! Une énergie propre, renouvelable et sans ces déchets dont la dangereuse pérennité s’étendra sur des millénaires. Une énergie hydraulique qui trouve pourtant preneur chez nos voisins … américains!
La solution, pour le gouvernement fédéral, à court et moyen terme s’appelle donc « Chalk River», un projet bien illustré par ce reportage de Radio-Canada «https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1090853/chalk-river-construction-site-stockage-dechets-nucleaire-riviere-outaouais-craintes-environnement). Pourtant ce centre de recherche nucléaire cumule un passé lourd d’accidents reliés aux recherches sur la fission nucléaire et dont l’environnement serait, selon M. Provost, un vrai bourbier de déchets oubliés ou enfouis, percolant dans les marais environnants et les source d’eau potable.
Pour se sortir de ce bourbier nucléaire, des investisseurs planifient de construire sur une colline avoisinant le centre de recherche ce dépotoir illustré plus haut, aux allures « spatialo-futuristes » et « vertes » qui ramassera tous les déchets issus de ce site de contamination, mais aussi ceux de tous les autres réacteurs au pays. Évidemment cette dernière condition ne passe pas à la Ville d’Ottawa, qui tire son eau de la rivière 150 km plus bas. Pas plus d’ailleurs que pour les quelque 82 municipalités de la région métropolitaine de Montréal.
La magie : changer les mots pour changer les résultats?!
Sous la pression populaire des dernières années, l’idée d’entreposer des déchets nucléaires de moyenne activité a été abandonnée à l’automne 2017. Trop compliqué? Trop onéreux? Pas du tout. Il fallait jouer sur les mots et le tour de magie opérait : comme dans le roman culte « 1984 », de Georges Orwell, il suffisait de changer le vocabulaire pour changer le résultat. Donc selon le nouveau lexique de LCN (Laboratoires nucléaires canadiens), les déchets à moyenne activité radioactive sont passés à déchets à faible activité radioactive. Bingo! Et c’est là que Gilles Provost lève le niveau d’alerte maximum et parle d’une incroyable entourloupette. Écoutons ses explications. « Les déchets de faible activité (…) sont depuis toujours des produits radioactifs assez inoffensifs pour qu’on puisse les manipuler à main nue, sans blindage de protection». Or, depuis le 18 juin 2020, cette expression « déchets de faible activité » désigne dans les faits des produits radioactifs mille fois plus dangereux, souvent mortels au toucher. Les LCN (Laboratoires nucléaires canadiens) ont fait une dérive de sens. Bref, ce qui était mortel avant le 18 juin 2020 est devenu banal le 19! En d’autres mots, ces déchets mortels, qui devaient être enterrés auparavant au plus profond de la terre, vont être maintenant enfouis en surface et près d’une rivière!
Laissons la conclusion à Gilles Provost (le Devoir du 13 juin 2020)
« Depuis octobre 2017, affirme le journaliste d’enquête, le promoteur de ce « vaisseau amiral » radioactif répète sur toutes les tribunes qu’il va y stocker « uniquement des déchets de faible activité ». C’était chaque fois un mensonge. Ses communications secrètes avec la Commission, obtenues grâce à la loi sur l’accès à l’information, révèlent au contraire qu’il n’a jamais eu l’intention d’exclure de son projet les déchets trop radioactifs pour qu’on puisse les toucher sans blindage.
Un article écrit par Raynald Collard, interviewé le 6 mai par Martin Dubreuil, pour l’Association des Riverains et Amis du Richelieu.
Last Updated: juin 11, 2021 by Riviere Richelieu
Le vaisseau spacial nucléaire, un choix canadien
L’énergie nucléaire : avantages pour une province, inconvénients pour les autres
On s’en souvient, depuis les années 1940, l’énergie nucléaire au Canada a bénéficié d’investissements massifs du gouvernement fédéral, donc de la participation de toutes les provinces y compris celle du Québec. Or nous savons tous que c’est l’Ontario qui a profité le plus – et de très loin – des créations d’emplois et de la recherche scientifique de haut niveau liées à ce secteur qui ont fait sa fortune et les salaires si élevés qui font tant rêver François Legault actuellement.
Mais ce qu’on a tendance à oublier, comme c’est le cas pour tous les pays qui ont fait le choix nucléaire pour s’alimenter en électricité et développer leur économie, cette province est aux prises avec le même problème? Un gros, un énorme problème. Celui de se débarrasser des déchets liés à cette forme d’énergie.
D’abord il faudra décontaminer le centre de recherche, un site très discret, à l’abri des regards fouineurs. Ce sont des terrains contaminés par des décennies de négligence. Ensuite, tant qu’à investir des centaines de millions fédéraux, il servira à entreposer les déchets de toutes les autres provinces « nucléarisées »! Mais, vu de l’espace, une sorte de centre d’achat. Le problème percolant seulement dans les craques du paysage.
Laboratoires nucléaires de Chalk River
286 Plant Rd, Chalk River, ON K0J 1J0
Jugez par vous-meme, les containers s’entassent les uns a cotés des autres… https://goo.gl/maps/F3j8XjYYS6Ji4fku7
Moins spectaculaire, mais probablement bien pire que les « paysages » lunaires des sables bitumineux de Fort McMurray en Alberta.
Nous joignons donc nos voix aux groupes opposés à ce projet pour désapprouver formellement le choix de ce site hors terre sis à quelques centaines de mètres de la rivière Outaouais. On pourrait dire que quelque chose de politiquement malsain se dégage d’un tel choix. Mais pinçons-nous le nez et tournons-nous un peu vers la rivière, une source d’eau potable utilisée par des millions de personnes : Ottawa, Gatineau, Montréal, Longueuil, Brossard, Boucherville, et même Québec.
Pétrole albertain ou réacteurs nucléaires, anciens choix, mauvais choix
Rappelons-le, l’option de l’énergie nucléaire n’est pas québécoise. Il a failli l’être en partie dans les années 70 avant les grands projets hydroélectriques de la Baie-James. CE N’EST PLUS LE CAS. Et il est plutôt ironique qu’en 2021 l’Ontario, après avoir profité pendant plus d’un demi-siècle de l’appui financier du Québec par gouvernement canadien interposé pour développer son modèle de réacteur canadien, refuse d’acheter nos surplus d’électricité! Une énergie propre, renouvelable et sans ces déchets dont la dangereuse pérennité s’étendra sur des millénaires. Une énergie hydraulique qui trouve pourtant preneur chez nos voisins … américains!
La solution, pour le gouvernement fédéral, à court et moyen terme s’appelle donc « Chalk River», un projet bien illustré par ce reportage de Radio-Canada «https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1090853/chalk-river-construction-site-stockage-dechets-nucleaire-riviere-outaouais-craintes-environnement). Pourtant ce centre de recherche nucléaire cumule un passé lourd d’accidents reliés aux recherches sur la fission nucléaire et dont l’environnement serait, selon M. Provost, un vrai bourbier de déchets oubliés ou enfouis, percolant dans les marais environnants et les source d’eau potable.
Pour se sortir de ce bourbier nucléaire, des investisseurs planifient de construire sur une colline avoisinant le centre de recherche ce dépotoir illustré plus haut, aux allures « spatialo-futuristes » et « vertes » qui ramassera tous les déchets issus de ce site de contamination, mais aussi ceux de tous les autres réacteurs au pays. Évidemment cette dernière condition ne passe pas à la Ville d’Ottawa, qui tire son eau de la rivière 150 km plus bas. Pas plus d’ailleurs que pour les quelque 82 municipalités de la région métropolitaine de Montréal.
La magie : changer les mots pour changer les résultats?!
Sous la pression populaire des dernières années, l’idée d’entreposer des déchets nucléaires de moyenne activité a été abandonnée à l’automne 2017. Trop compliqué? Trop onéreux? Pas du tout. Il fallait jouer sur les mots et le tour de magie opérait : comme dans le roman culte « 1984 », de Georges Orwell, il suffisait de changer le vocabulaire pour changer le résultat. Donc selon le nouveau lexique de LCN (Laboratoires nucléaires canadiens), les déchets à moyenne activité radioactive sont passés à déchets à faible activité radioactive. Bingo! Et c’est là que Gilles Provost lève le niveau d’alerte maximum et parle d’une incroyable entourloupette. Écoutons ses explications. « Les déchets de faible activité (…) sont depuis toujours des produits radioactifs assez inoffensifs pour qu’on puisse les manipuler à main nue, sans blindage de protection». Or, depuis le 18 juin 2020, cette expression « déchets de faible activité » désigne dans les faits des produits radioactifs mille fois plus dangereux, souvent mortels au toucher. Les LCN (Laboratoires nucléaires canadiens) ont fait une dérive de sens. Bref, ce qui était mortel avant le 18 juin 2020 est devenu banal le 19! En d’autres mots, ces déchets mortels, qui devaient être enterrés auparavant au plus profond de la terre, vont être maintenant enfouis en surface et près d’une rivière!
Laissons la conclusion à Gilles Provost (le Devoir du 13 juin 2020)
« Depuis octobre 2017, affirme le journaliste d’enquête, le promoteur de ce « vaisseau amiral » radioactif répète sur toutes les tribunes qu’il va y stocker « uniquement des déchets de faible activité ». C’était chaque fois un mensonge. Ses communications secrètes avec la Commission, obtenues grâce à la loi sur l’accès à l’information, révèlent au contraire qu’il n’a jamais eu l’intention d’exclure de son projet les déchets trop radioactifs pour qu’on puisse les toucher sans blindage.
Un article écrit par Raynald Collard, interviewé le 6 mai par Martin Dubreuil, pour l’Association des Riverains et Amis du Richelieu.
Category: Environnement, Journaux, Riviere Richelieu Tags: chalk river, nucleaire
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